(4). Annemasse Agglo : Préserver l’équilibre des fonctions et donner ses chances à l’avenir
Les leçons du global
Partout dans le monde sont donc en jeu :
- la disparition de bonnes terres nourricières
- la prédation et l’accaparement des terres
La préservation des terres agricoles de qualité est donc devenue une priorité vitale.
Voir cette carte ci-dessous : « Global map of land quality » (from Blum, W.E.H.and Eswaran H.,Journal of Food Science, 2004) repris de cette page. Ce travail croise la qualité agronomique actuelle avec la capacité de résilience (possibilité de perdurer ou de se régénérer) soit 9 catégories.
Il apparait que les perspectives de disposer de sols fertiles sont déjà limitées et seront touchées par le réchauffement climatique.
Et en France et en Haute-Savoie
Il est nécessaire de résister à la tentation du bitume :
Sur le territoire français, le nombre de zones d’activités économiques (ZAE) oscillerait entre 24 000 et 32 000, soit 450 000 hectares au total, reflétant ainsi une offre pléthorique et diffuse sur l’ensemble du territoire.
Un article récent du journal Le Monde, présentait la réflexion des métropoles sur l’urbanisme en devenir :
C’est dire le sens de la réflexion à mener…
La question moderne pour l’urbanisation est Comment répondre au «défi des sobriétés » – sobriété environnementale et énergétique, sobriété économique et sobriété foncière – dans la « fabrication » de la ville, de l’Agglo.
Il est nécessaire d’être résolument moderne, de se placer dans une vraie politique d’avenir : au-delà de la préservation de l’agriculture et de la biodiversité, le sol est un acteur-clé des territoires et du climat : voir cette explicite video de l’Ademe |
Quant à la mise en route d’une politique alimentaire, la question est montante. Des collectivités se fédèrent sur cette question : Voir ici.
Télécharger, par exemple, cette doc « Rennes Ville Vivrière – Scénarios d’autonomie alimentaire pour Rennes Métropole »
Il s’avère ainsi que « les autorités locales sont aussi souvent les mieux placées pour améliorer l’accès à une alimentation saine, par le biais de pratiques dans les domaines de l’aménagement urbain et des marchés publics. D’ailleurs, les conseils de politique alimentaire qui voient le jour dans les municipalités partout en Europe ont déjà commencé à mettre en œuvre des systèmes alimentaires territoriaux durables.» in http://www.fondationecolo.org/blog/politique-alimentaire-pour-l-Europe
Le choix en local : Borly 1 … et Borly 2 ! … Borly 3 ?!
Le territoire du genevois subit des pressions démographiques et financières difficiles à gérer.
Les aménagements seront-ils soutenables, durables pour le bien-être des habitantes et habitants, parvenant alors à fusionner les énergies dans une identité de territoire ou conduiront-ils à une forme de soumission à l’étalement de la tache urbaine, sans intensité et sans rythme ?
Annemasse Agglo et les élus du bureau cherchent à équilibrer les activités mais le projet actuel dit de « Borly II », au contraire, concourt au déséquilibrage.
- Construire la ville sur la ville, renforcer les centre-bourgs est la logique actuelle. - Construire
ce doit être l’axe fort de lucides politiques publiques. |
Il est nécessaire, pour l’artisanat, de reprendre des bâtiments délaissés et travailler la hauteur des nouveaux bâtiments artisanaux avec parking en sous-sol (cf Suisse).
Annemasse Agglo serait mal venue, compte tenu des efforts déjà faits dans de nombreux domaines (mobilité, qualité de l’air, etc), à acquérir une très mauvaise médaille de la bétonisation de l’espace rural.
Il y a une vraie discordance entre le projet de transformation de cet espace en ZAE, certes mentionné dans le SCoT 2007, et l’esprit de ce SCoT qui avait déjà de bonnes intentions mais qui les infirmait sur cet espace.
Le nouveau SCoT (dans un contexte d’urbanisation bien plus étouffant) qui est actuellement travaillé par les services et les élus, avec des ateliers d’échanges avec la société civile, devrait être encore plus opposable à ce type de projet.
Alors, appliquons-le dès maintenant, en cohérence temporelle.
Borly II, sans compter les autres zones à combler n’est pas une urgence puisque l’édification de la ZAE est « prévue » sur 10 ans ! Ce n’est pas comparable avec la nécessité de construire une école en 2 ou 3 ans !
De plus, les nombreux espaces restant, des dents creuses en zones d’activités sur Ville-la-Grand, des bâtiments vides sur d’autres territoires de l’Agglo, de la place restant à l’Eculaz (à Reignier, 5 km à vol d’oiseau de Borly) montrent qu’il est urgent de se recadrer en ce domaine.
Les problèmes rencontrés chez nos voisins de St-Julien-en-Genevois sur un projet qui est comparable (artisans dans le domaine de la construction) obligent à de la prudence :
Alternative avec pragmatisme :
Imaginer, élaborer avec associations et citoyens : il est temps d’innover avec ces terres et d’améliorer encore cet espace, par exemple par un Projet Alimentaire Territorial (PAT)
Le PAT est une démarche volontaire co-construite, désormais inscrit à l’article 39 de la loi d’avenir agricole, visant à relocaliser l’économie, l’agriculture et les services, pour s’orienter vers un système agricole et alimentaire respectueux de l’environnement, de la santé et créateur de lien social. C’est un projet global visant à renforcer l’agriculture locale, l’identité culturelle du terroir, la cohésion sociale et la santé des populations. Ces PAT nécessitent de fortes volontés locales et l’implication des collectivités, particulièrement des intercommunalités. Ils doivent intégrer une stratégie foncière et la capacité d’installations d’agriculteurs pour diversifier la production. Il est donc impératif de savoir préserver nos terres agricoles ici et maintenant, à partir d’une conscience partagée des forts enjeux alimentaires qui en découlent. |
Il faut rester dans le pragmatisme : laisser au rural ce qui est rural
Le plus simple, c’est déjà d’adopter le point de vue de la Chambre d’Agriculture qui demande à tout le moins la suspension du projet en attendant la mise au point du SCoT et en y réintégrant le projet agricole de l’Agglo.
Comme l’Agglo a si bien su prendre le virage vers des transports durables, interconnectés et efficaces, elle doit trouver le chemin d’un commerce contrôlé, d’un artisanat reprenant sa place dans les espaces déjà dédiés à cet usage : pour laisser sa place à la nature et à l’agriculture dont les fonctions permettront de conforter la résilience de ce territoire et participeront de la qualité du bien vivre dans notre région.
Les terres de Borly sont nécessaires actuellement pour l’élevage, une partie pourrait être en maraîchage : AMAP, circuit court, virage bio et de proximité, ce ne sont ni les besoins ni les projets qui manquent sur l’agglomération.
Il nous faut augmenter résilience et autonomie alimentaire, sous-dimensionnées dans le genevois français.
La lumière profonde a besoin pour paraître
D’une terre rouée et craquante de nuit
⋅ ⋅ Yves Bonnefoy