Je suis allé au rassemblement organisé à la hâte pour rendre hommage au jeune étudiant de 18 ans, Clément Méric, sauvagement agressé et tué à Paris par une bande de délinquants d'extrême droite.
Devant la préfecture d'Annecy, après la présentation par Gilles Ravache, conseiller régional membre du PC, et une minute de silence, Roland Fichet a lu un texte circulant sur internet qui rend hommage à Clément.
Mais les interventions successives de micro-partis m'ont lassé : avec de constantes redites, mêmes faites d'analyses justes, elles n'apportaient rien de plus les unes que les autres que de permettre la mise en valeur de chaque organisation.
A Paris, les amis de Clément ont viscéralement réagi à toute tentative de récupération. C'est d'abord un jeune homme réfléchi et altruiste qui s'est fait tuer par des fanas de la violence, imbibés des propos de haine de l'extrême droite fascisante sans idées, qui ne mène pas de débat politique, mais l'agression des autres et d'abords de groupes humains du simple fait de leur existence.
J'ai été touché cependant par le choix fait par Julian Augé, jeune représentant du Parti de Gauche, de lire avec force le poème d'Eluard, écrit après le martyre de Gabriel Peri assassiné au Mont Valérien en 1941.
Je recopie ici ce beau texte, qui a pour titre "Au rendez-vous allemand".
Un homme est mort qui n'avait pour défense
Que ses bras ouverts à la vie
Un homme est mort qui n'avait d'autre route
Que celle où l'on hait les fusils
Un homme est mort qui continue la lutte
Contre la mort contre l'oubli.
Car tout ce qu'il voulait
Nous le voulions aussi
Nous le voulons aujourd'hui
Que le bonheur soit la lumière
Au fond des yeux au fond du cœur
Et la justice sur la terre.
Il y a des mots qui font vivre
Et ce sont des mots innocents
Le mot chaleur le mot confiance
Amour justice et le mot liberté
Le mot enfant et le mot gentillesse
Et certains noms de fleurs et certains noms de fruits
Le mot courage et le mot découvrir
Et le mot frère et le mot camarade
Et certains noms de pays de villages
Et certains noms de femmes et d'amies
Ajoutons-y Péri
Péri est mort pour ce qui nous fait vivre
Tutoyons-le sa poitrine est trouée
Mais grâce à lui nous nous connaissons mieux
Tutoyons-nous son espoir est vivant.
Clément Méric, tu n'avais que tes bras ouverts à la vie.
Je dois malheureusement signaler la présence révoltante de militants d'extrême droite, au moins six, dont trois venus au contact des personnes se recueillant. Leurs tatouages, leurs tee-shirts, leurs tentatives d'intimidation m'ont écœuré. Il a fallu que les forces de l'ordre les tiennent à distance, alors qu'ils venaient perturber ce moment de recueillement. Jamais je n'avais vu cela à Annecy. Et leur volonté de souiller cet hommage laisse plus qu'un malaise.