Difficile de rester serein après le 13 novembre 2015.
Difficile d’en parler tranquillement et dans tous ses aspects.
Difficile de ne pas avoir pu partager largement notre émotion et notre détermination, avec tous les habitants, dans cette frustration des dispositifs nationaux de non rassemblement.
Je remets ici ce texte de l’écrivain Eric Emmanuel Schmitt qu’il a posté sur sa page FaceBook, le 22 novembre.
LA MINUTE DE SILENCE
Se taire quand les mots ne sont plus assez forts.
Se taire afin de partager quelque chose, ne serait-ce que le silence.
Se taire pour entendre nos cœurs battre, et, dessous, l’absence de ces cœurs qui ne battront plus.
Se taire pour écouter la musique de notre chagrin.
Se taire pour instaurer une prière qui nous respecte tous, croyants ou incroyants.
Se taire pour nous regarder, pour nous sentir, pour nous toucher la main.
Se taire pour constituer une même humanité.
Eric-Emmanuel Schmitt
J’ai remarqué la différence de ressenti de la génération de mes enfants par rapport aux attentats de janvier.
1/ Les dessinateurs de Charlie Hebdo n’avaient pas leur âge,
2/ Ils exerçaient leur talent en moquant les travers de notre époque : travers sociaux, religieux et autres tabous qui leur paraissaient inutiles ou malfaisants.
3/ Quant aux clients du casher, ils avaient été visés pour leur appartenance religieuse.
Même si des policiers et d’autres personnes ont pu se trouver dans la trajectoire de la folie meurtrière des timbrés de janvier, les paumés « religieux » pouvaient encore être pris pour des marginaux décérébrés.
La récidive et le meurtre en masse (130 morts, 350 blessés) de cibles qui n’en étaient pas en fait, cela a complètement changé l’émotion et les représentations.
Regarder un match de foot, écouter de la musique, boire un pot en terrasse avec des potes, c’est simplement une grande part des plaisirs de la vie, particulièrement entre 20 et 40 ans.
L’insouciance est partie.
Restent des principes à défendre et le goût de la vie à apprécier plus encore.