Wolinski, Cabu, c’est ma sortie d’adolescence, mes débuts adultes, ma recherche d’équilibre politique, mon optimisme en la Vérité, l’Humour, la Joie de Vivre.
L’hebdo Hara-Kiri, c’était décapant en cette fin de décennie des années 60, cela me choquait souvent mais cela agrandissait ma vision du monde, cela élargissait ma liberté.
Et Charlie Hebdo enclencha la poursuite du projet.
Reiser, grinçant dessinateur et créateur incessant de planches dessinées sur l’énergie solaire, est beaucoup associé à cette équipe dans mon enthousiasme de l’époque (Et Fournier qui créa le journal écolo « La Gueule Ouverte »).
Et puis, dans les années qui suivirent, le dessin de presse, de narration, s’est aussi épanoui dans la BD qui devenait dès cette époque, de plus en plus intéressante et qualitative. Essentielle.
C’est tout un fonds culturel, émotif et politique qui m’a en partie construit.
Ce terrible mercredi 7 janvier 2015, j’en ai pleuré, tétanisé par ces assassinats délirants et monstrueux.
Les religions ont suscité des beaux élans dans la générosité et aussi dans l’art et la culture mais elles ont provoqué tant de drames, de guerres, d’assassinats incessants qu’elles savent ou qu’elles devraient savoir que c’est l’humilité qui doit les commander, la modestie qui doit les caractériser, l’effacement pour la construction intérieure qui doit les structurer.
La liberté, la liberté, la liberté, …
Je n’ai plus de mots pour dire ce choc ressenti par le fait que puissent être abattus à l’arme de guerre ces dessinateurs (dont aussi Charb, Tignous et Honoré) qui me réjouissaient, me heurtaient, me déroutaient, mais toujours m’aidaient à Respirer, à Vivre, à Penser, à Sentir, à Apprendre.
Je suis en colère, très en colère, submergé. Quelle froideur fasciste dans cette exécution, également en face à face, d’autres gens qui travaillaient : journalistes, policiers. Les blessés (dont le journaliste Fabrice Nicolino, l’écologiste sans concession) n’ont dû qu’au hasard de n’avoir pas reçu de balles fatales.
Des dessins, il y en a eu beaucoup en hommage à Charlie en moins de 48h, et venus du monde entier. J’en mets quelques-uns qui m’ont touché.