Gilbert Saillet est parti le 7 février 2014. Sa santé avait pris des coups mais il semblait pouvoir encore longtemps nous bousculer et faire partager sa gentillesse.
Gilbert, je l’ai connu lors de l’organisation du contre-G8 à Annemasse, tenu pour faire face au G8 d’Evian, en 2013.
Nous manquions de bénévoles dans de nombreux domaines. Gilbert s’était investi dans la « gestion de la tranquillité », on ne parlait pas de « service d’ordre » : pour l’encadrement de la manif mais aussi sur l’aire de l’aérodrome.
Avec des situations d’autogestion pas toujours compatibles avec une organisation de l’ensemble…
Des situations que lui-même ne trouvaient pas simples à concilier !
Je l’ai retrouvé à CRHA. On y a profité de sa vision de la Résistance. Et aussi de sa patte graphique.
Je pense aussi à tous les coups de main qu’il a donné au FSD, qui a lieu tous les deux ans à Annemasse : c’était confortable de pouvoir s’appuyer sur lui dans l’organisation et le suivi du ravitaillement, par exemple.
Et Gilbert, je l’ai encore plus approché lors de son adhésion à EÉLV qui m’avait surpris.
Adhésion forte, complète, qui l’a amené à porter ses couleurs aux législatives, à participer aux universités d’été.
Gilbert, c’était mon téléphoneur du soir. Il savait que je me couche tard en général. Ses premiers coups de fil, parfois passés 22h30, m’avaient surpris.
Après, je me réjouissais de savoir que c’était lui, que nous allions échanger. Sur beaucoup de sujets, car finalement nos chemins, ces dernières années, ont souvent eu des tronçons communs.
Et puis, le soir on se laisse à parler.
J’ai mieux compris l’empreinte de son père, grand résistant, et de sa mère, fortement engagée socialement. De telles figures de références devaient à la fois être exemplaires mais aussi pesantes peut-être. Je ne sais pas.
Deux souvenirs encore avec lui :
* Il y a 3 ou 4 ans, nous sommes allés ensemble à une manif, à St-Etienne, soutenir des paysans qui passaient en procès, contre une multi-nationale du lait. Sur place, cela avait été un peu chaud, et nous avions été séparés. Les CRS avaient chargé et balancé des lacrymos. Je dois dire qu’ils ont changé leur gaz depuis 30 ans et que c’est beaucoup plus irritant et pénible. Je me suis pris de belles quintes de toux.
En retrouvant Gilbert, il m’avait dit qu’il avait « dégusté » aussi.
Et je repense, en parlant de toux, à ses quintes récurrentes qu’il avait et qui parfois inquiétaient. Je l’avais trouvé fatigué aussi à diverses reprises. Mais il préférait regarder en avant.
* Un autre moment partagé à deux : je l’avais croisé plusieurs fois dans des réunions pour l’Arve, où élu je le retrouvai dans des commissions sur Natura 2000 où il représentait la FRAPNA. C’était une cause à laquelle il tenait beaucoup : l’Arve, ses abords, ses zones humides.
Il m’avait proposé une ballade, des lacs d’Arenthon au pont de Bellecombe, pendant laquelle j’avais beaucoup appris et mesuré plus encore son engagement pour l’environnement.
Attaché à la ruralité, à la nature, avec cette combinaison de sensibilité pour l’environnement et la volonté que ce soit pour tous, que tous puissent y accéder, en bénéficier pleinement, c’est pour moi le message incarné par Gilbert.