Avec la fin de ce mois de mai se sont achevées les commémorations du temps des Jours Heureux, il y a 70 ans : la fin de la guerre en Europe et le retour des camps des déporté(e)s, l’élan vers une démocratie sociale.
Au niveau national, ce sont quatre anciens résistants qui sont entrés au Panthéon le jour anniversaire du 27 mai (date retenue comme célébrant la Résistance : le 27 mai 1943 se réunissait sous l’égide de Jean Moulin, et pour la première fois, le Conseil National de la Résistance. Il s’agissait d’unifier l’ensemble des grands réseaux de Résistance, d’assurer la présence des syndicats qui avaient recommencé les luttes et d’adjoindre les partis politiques non collaborationnistes. Tous reconnaissant la primauté du général De Gaulle à représenter la France Libre. Le CNR : L’Unité résistante !)
Le Panthéon a sur son fronton l’inscription « Aux grands hommes la Patrie reconnaissante ».
Et Jean Zay tout comme Pierre Brossolette sont suffisamment admirables pour que leur panthéonisation soit indiscutable.
En ces temps de haine de l’étranger, il eut cependant été judicieux d’en faire entrer un dans ce temple de la reconnaissance et de l’exemplarité, un de ces étrangers au cœur si français.
Nous savons le rôle essentiel des maquisards Espagnols républicains des Glières, et du nombre important d’italiens antifascistes dans la Résistance en France.
Ainsi que des hongrois, des polonais, des allemands antifascistes, etc.
Missak Manouchian aurait toute sa place au panthéon des Grands Hommes.
Aux femmes admirables, la patrie reconnaissante ?
Il faut saluer l’initiative de rendre hommage à deux femmes, Germaine Tillon et Geneviève Anthonioz- De Gaulle. Elles ont résisté contre les nazis et elles ont continué à porter de forts engagements dans la société française, sur la question coloniale en Algérie, pour les pauvres et la dignité de tous.
Geneviève Anthonioz-De Gaulle disait : « Au fond, entre la Résistance et ATD Quart-Monde il y a un chemin commun : le refus de l’inacceptable ».
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Annemasse a honoré de manière remarquable ces 70 ans, sous la conduite de Nabil Louaar et Sophie Fradet, en charge alors comme élus du devoir de mémoire.
- Conférences : Témoignage de Noëlla Rouget (ancienne déportée), intervention de M.et Mme Eric Monnier (présentation de leurs travaux de recherches sur le retour des femmes des camps de concentration et de leur livre « Retour à la vie »), exposé de Robert Amoudruz et Guy Gavard sur Annemasse en 1944-1945
- spectacle fort, « Chronique d’un enfer », (suivi d’un échange avec Walter Bassan, président national de la FNDIRP)
- exposition dans le hall de la mairie dont un panneau spécifique sur Annemasse
- invitation à Marie José Chombart de Lauwe à donner son témoignage de déportée à Ravensbrück.
Le rôle de la gare d’Annemasse comme premier lieu de retour en France de déportées – dont Geneviève De Gaulle – a été donné à la connaissance de tous. Bien peu savaient ce rôle. Et le témoignage de Marie José Chombart de Lauwe, à la salle des conférences, fut remarquable. Elle aussi est revenue de l’enfer, elle a remis le pied pour la première fois en France, à Annemasse.
Grand officier de la Légion d’Honneur, Directeur de recherche honoraire du CNRS, Présidente de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation, elle est une des dernières grandes figures de la Résistance encore en vie. Dès 1940, à 17 ans, elle était entrée dans la Résistance, avec sa mère. Elles furent arrêtées en mai 1942.
« Marie-Jo » est déportée en Juillet 1943 au camp de concentration de Ravensbrück, où elle rencontre justement Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz,
Elle a connu aussi Mila Racine magnifique résistante, morte à 24 ans à Mauthausen, pour laquelle elle a dit son admiration sur son attitude en déportation.
Elle explique aux jeunes qu’elle a résisté à leur âge parce qu’elle a vu “Liberté, égalité, fraternité” remplacé sur les frontons de nos mairies par “Travail, famille, patrie”. »
Il y aurait beaucoup à raconter sur son parcours. Voir ici par exemple.
Elle vient de publier un livre qui paraissait en librairie le jour même de sa venue à Annemasse et que je me suis empressé d’acquérir.
L’ayant convoyée et accompagnée durant son séjour, j’ai eu droit à une dédicace qui m’a fait très plaisir.
Résister toujours…