Déchets sauvages en ville

Déchets et campagne électorale

Poub-jaune Cela a provoqué chez moi un étonnement d’abord, puis une forme d’agacement et enfin un sourire désabusé, lors de cette campagne électorale municipale hors norme à Annemasse : des candidats, en incapacité d’avoir des projets consistants et à défaut de reproches majeurs à faire à la gestion actuelle de la commune, ont dénoncé des lieux de dépôts sauvages pour pointer un « laxisme municipal ».
Photographies à l’appui sur des pages « FaceBook ». Et ton scandalisé en commentaires.
Fort bien.

C’est un souci permanent que ces déchets abandonnés :
vieille télé, literie éclatée, frigo hors d’usage, armoire effondrée, chaise cassée, cartons divers, polystyrène d’emballage, … c’est un inventaire déprimant que l’on peut faire de ces débris d’objets quotidiens laissés dans la rue.

L’Agglomération constituée de 12 communes a organisé de longue date la gestion des divers déchets qui sont en fait des matières premières pour fabriquer d’autres produits.

- deux ramassages/semaine pour les ordures ménagères à Annemasse

- 4 déchetteries sur l’Agglo (4, c’est du luxe…) pour les gravats, les gros cartons, le polystyrène, les vieux appareils, le mobilier fichu, les huiles, etc, … Tout quoi !

- couv-jauneun ramassage/semaine (nouveau, depuis ce mois de juin) pour papiers-journaux et plastiques-alu à mettre en poubelle à couvercle jaune située au domicile.

- des Points d’Apport Volontaire, ces conteneurs répartis dans toute la commune pour y amener le verre (et, de manière transitoire, encore les papiers et plastiques : tout cela sera progressivement supprimé pour être totalement « récolté » en poubelle à couvercle jaune. Ne restera bientôt que le conteneur pour le verre )
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La Ville d’Annemasse a malheureusement dû maintenir un service dédié. Ces employés passent récupérer plusieurs fois par semaine, sur les espaces publics, ces «déchetteries sur trottoir».
Trop d’habitants amènent leurs rebuts ménagers et détritus de mobilier à des endroits considérés comme point de regroupement normal … Pourtant, quand on a la capacité d’amener tout ça jusque sur un trottoir, il doit être possible de charger sa voiture pour aller en déchetterie !
D’ailleurs, les personnes âgées ou en difficulté peuvent appeler la commune et un enlèvement spécifique sera fait.

Comme dans toutes les collectivités, de France, de Navarre et du Monde, face au phénomène, il y a le dilemme :
1./ ne pas ramasser régulièrement, pour clairement indiquer que l’endroit n’est pas un point d’apport de déchets que la collectivité évacue normalement.
2./ ramasser quand même, pour ne pas voir une ville envahie de dépôts constitués par des saligauds.

J’ai ainsi un lieu de dépôt sauvage, juste en face de la fenêtre de ma chambre : c’est une désolation de voir un spectacle de déchetterie certains matins. Car c’est le plus souvent la nuit que les malfaisants agissent. J’ai cependant vu, une fois, un homme bien costaud amener des planches et une sorte de petite armoire. Il était accompagné d’un enfant d’environ 5 ans. Quel triste ‘exemple‘ parental ! Je n’ai pas eu le temps de réagir et de descendre à temps.
Certes, le lieu s’améliore et reste de plus en plus longtemps propre, sans déchets.

Je regarde les publications municipales d’autres communes et je constate qu’elles ont aussi ce souci d’incivisme.
Je ne citerai que Thonon dont je mets un extrait du journal municipal de mai 2015. (Cliquez pour agrandir l’image)
Thonon

 

‘Le monde est une poubelle…’

Tout cela s’inscrit dans un comportement généralisé chez certains qui considèrent tout l’espace public comme une poubelle. Les anglo-saxons lui ont même trouvé un nom : le littering (litter =déchets ;   littering : balancer partout ses déchets…)
•••••► des images consternantes

La Suisse, oui, même la Suisse ‘propre en ordre‘, est largement touchée. Un récent article d’un média romand évoque le phénomène consistant à laisser traîner ou à jeter négligemment les déchets dans les espaces publics, même dans les espaces de détente des piscines.
Entraînant un vrai coup de gueule : ici, sur le journal 24h.
•••••► le littering a droit à une page dédiée sur le site de l’office fédéral suisse de l’Environnement

Article du Temps, mars 2015

En cette année 2015, les suisses veulent passer aux contraventions comme mentionné dans cet article mis en pdf.
«Les détritus abandonnés dans les espaces publics dérangent la population et occasionnent des coûts supplémentaires aux communes. Le phénomène du littering occupe ainsi depuis quelques années une place croissante dans le débat public. Les communes et les entreprises de transports publics doivent faire face, seules généralement, à des coûts de nettoyage toujours plus importants dans les espaces et les transports publics.»

Reste qu’en France, le dépôt de déchets de mobilier relèvent d’actes conscients et soumis à contravention.

Je reste optimiste.
J’ai le souvenir de mes premières ballades en montagne.
Il était fréquent, dans les années 70, de voir des déchets divers tout le long du sentier et plus encore au sommet ou au col.
Il y a eu un vrai changement dans les années 80-90. Cela devient très rare qu’un imbécile jette des papiers, plastiques ou autres reliefs de repas en pleine nature. Les marcheurs sont citoyens.
Je sais, ce n’est pas tout à fait gagné dans le massif du Mt-Blanc…

Je pense qu’en ville, 90% des personnes sont attentives. Il s’agit au plus de 10% qui, tour à tour, chaque semaine, se comportent en cochons des villes. Il faudra parvenir le plus rapidement possible à les convertir à une attitude responsable et n’avoir plus qu’1% de ces anti-citoyens.

Déjà, l’unanimisme électoral fait plaisir à voir !

Et puis, je préfère évoquer ce travail magnifique, en pied d’un immeuble de ma rue, sur un espace public commun,  réalisé avec amour et talent par des locataires.
J’ai mêlé des images que j’ai prises en juillet 2014 et d’autres, faites cette semaine, en juin 2015 (cliquez pour afficher la galerie) :